La vengeance est un plat qui se mange froid et pour refroidir cela prend 3 heures. Ce n’est pas un reproche bien au contraire, je vais vous expliquer. En attendant, le pauvre Edmond Dantès, son vrai nom avant de prendre celui de Comte de Monte-Cristo a passé quatorze ans de sa vie enfermé, emmuré littéralement. On ne peut pas appeler cela prison, ce sont des oubliettes.
L’histoire d’Alexandre Dumas, le Comte de Monte-Cristo date du XIX siècle. C’est elle-même une reprise d’articles eux-mêmes inspirés de faits réels parus dans un journal à une époque où le Bonapartisme était chassé. On avait vite fait d’accuser quelqu’un de Bonapartisme pour s’en débarrasser.
D’après le Roman de Dumas, la vengeance d’un homme
L’idée de la vengeance a toujours un échos populaire surtout quand elle est faite avec classe, avec talent et noblesse. Notre bon Edmond Dantès est beau, ambitieux, entier, talentueux. Il incarne tellement ces qualificatifs qu’il attise les jalousies elles-mêmes attirant les bassesses et autres traîtrises. Cela va l’amener à être emprisonné le jour de son mariage pour une durée indéterminée. Ses proches le croient mort et son père, un homme modeste, un domestique en meurt de chagrin.
Comme, le comte de Monte-Cristo est pétri de bien, il va faire une rencontre dans ses geôles, celle d’un savant qui possède un trésor. A l’époque, pas de promenade surveillée, encore moins de téléphone portable pour communiquer entre prisonniers au Château d’If. Il va leur falloir creuser un tunnel pour se rencontrer et échanger. Edmond va apprendre au contact de l’abbé Faria, les langues, la connaissance, la culture. Ils tenteront de s’échapper ensemble mais seul lui y parviendra. La destinée de Faria était de rencontrer Edmond Dantès et de le faire Comte de Monte-Cristo.
Une fois dehors et propriétaire d’un trésor, il va pouvoir utiliser son intelligence et sa nouvelle fortune pour détruire en retour la vie des personnes, trois principalement, qui lui ont détruit la sienne. Trois heures de film comme je disais, une heure pour l’injustice et la captivité, deux heures pour l’action, le charme, la tactique, le piège, tout ce qui va orchestrer cette vengeance.
Une distribution de haut vol
Le film passe rapidement. Non seulement les acteurs ont du talent : Laurent Lafitte, Patrick Mille, Pierre Niney mais aussi le scénario a évolué et s’est modernisé. L’orchestration est ainsi plus dans l’air du temps, les manipulations plus proches de nous. Entre autres choses, le trésor dans le film provient des Templiers ce qui n’est pas le cas dans le roman d’Alexandre Dumas. Le trésor de l’ordre des Templiers, chevaliers croisés, n’a jamais été retrouvé jusqu’à ce jour. Il est même possible que son ampleur ne soit qu’un fantasme car le trésor était surtout composé de propriétés foncières. Compliqué de les cacher.
Peu importe ces détails, cela ne change rien à l’histoire du Comte de Monte-Cristo qui a connu des dizaines de versions cinématographiques. De même que Danglars, l’un des trois traitres est banquier alors qu’il est dans cette version de 2024, armateur néanmoins richissime.
Une manipulation d’orfèvre
L’important est l’enchaînement des événements et tant la subtilité que l’implacabilité d’un Dantès devenu Comte de Monte-Cristo. Il séduit cette noblesse bourgeoise avec démesure. Exemple de cette démesure, son château a une base Renaissance et une partie supérieure Ottomane. Pierre Niney incarne plusieurs rôles et se grime avec talent. Notamment dans une scène mythique dans laquelle il joue un prétendu homme d’affaires anglais qui n’a d’existence réelle que pour servir la manipulation. La scène est dantesque, Niney explose l’écran.
Bien entendu, toute cette histoire est un happy end pour la justice et pour le Comte de Monte-Cristo. Il est certain qu’il ne récupère pas son amour et les années perdues mais les mots sont justes dans les deux sens du terme. Ils sonnent l’accomplissement de la vie d’un homme.
Il y a une fin construite, une fin heureuse. Il y a même une lecture chrétienne de l’histoire, l’homme d’affaires périt par l’argent, le procureur périt par la loi, l’homme d’arme périt par le déshonneur. La promesse faite à l’Abbé Faria dans la geôle est tenue.
Nous aimons ce film car vérité et justice éclatent après une longue attente. Je ne peux que penser que c’est un désir collectif qui dépasse le film. Le Comte de Monte-Cristo s’est battu pour le bien. Il a accepté, il a appris à attendre et à espérer. Attendre et espérer c’est aussi qu’ainsi se termine le livre d’Alexandre Dumas.
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