Un des films les plus populaires du moment sur Netflix. Attention le classement change très vite. Cela étant, le film Boîte Noire y mérite sa place. Pierre Niney incarne un agent d’enquête, puis directeur d’enquête du BEA. Le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile chargé entre autres de rechercher les causes d’un accident aéronautique et d’un crash aérien.
Un crash aérien
Justement, il y en a un. 300 personnes à bord, un mec qui a le profil du djihadiste et l’enquête semble rapidement pliée. Vous vous en doutez, pour atteindre les 2h10 du film, il va falloir un scénario un peu plus riche et intrigant. Même si on a la description du métier et de ses techniques dans le détail, ce qui prend du temps. Inutile de faire un salon de l’étudiant pour montrer à vos gamins de quoi il retourne. Sur ce point, le film est une vraie journée porte ouverte au BEA au Bourget.
Bluffant, les mecs sont incroyables, voient et entendent des choses dont seuls eux sont capables. Je repense à cette phrase, on ne voit que ce qu’on croit et on ne croit que ce qu’on sait. On ne voit que ce qu’on regarde et on ne regarde que ce à quoi on pense. Cela doit être l’anti-devise des lieux.
On a également une plongée dans le monde industriel voir militaro industriel et pour avoir travaillé dans ce milieu, dans une autre vie, c’est fidèle. Encore un film documenté et un scénario préparé avec soin et minutie. Encore un succès de Pierre Niney comme pour Monte-Cristo.
Un novice mais un crac
Bien entendu le personnage principal est un crac de l’acoustique et il va entendre ce que d’autres ne veulent pas entendre et ne pas voir. Attention, à partir d’ici je divulgâche et boîte noire est un thriller à suspens donc arrêtez-vous de lire si vous voulez le voir.
Si c’est lui qui découvre dans des sons carrément brouillés, un vague allah akbar et ainsi clos l’enquête rapidement et publiquement, il va ensuite se rendre compte et contre l’avis de tous que les données physiques de l’appareil sont incompréhensibles. Il devient directeur d’enquête dès le début du film suite à la disparition du directeur d’enquête. Un vieux sherpa aux heures de sol à défaut d’heures de vol indénombrables. A partir de là, on sent l’embrouille dès le début du film.
En plus de cela, c’est un passionné (celui qui a disparu), comme beaucoup dans ce milieu. Le genre de gars qui détecte un appareil à son acoustique à des kilomètres et qui a transformé le sous-sol de sa maison en labo. Le mec vit avion, respire avion. Le genre de mec qui te dit quand on roule sur le tarmac, “encore deux virages à gauche et on va pouvoir décoller en sud-sud-est”. Comment tu sais cela mec ? Le pilote t’a partagé la feuille de vol ?
Une enquête dense
Bien que la disparition du vieux soit irrésolue. On ne saura jamais ce qu’il lui est advenu. Il laissera quelques petites pistes à son prodige Pierre Niney, façon petit poucet en moins clair tout de même. Cela lui permettra de mettre la main sur la deuxième boîte noire, celle qui a des choses à dire qui ne sont pas des conneries trafiquées.
Y a quelques moments qui foutent les jetons, entre “c’est vraiment possible ce truc?” et nous interroge sur les avancées techniques et le fait qu’il n’a pas froid aux yeux et va partout. On est bien embarqué dans cette histoire entre un jeune talentueux seul contre tous et tous ses camarades de promotion intégrés chez les industriels à commencer par sa femme. Ambitieuse et jolie, il va la perdre et elle va le regretter. C’est dur de vivre avec un génie sans concession. L’imbroglio de la vie entre affection, concession, idéal et quotidien.
N’oublions pas les 300 morts même si cela n’est pas une histoire vraie. Le film les rend relativement anonymes. Juste utiles parfois à relancer le scénario en lui apportant les éléments matériels dont il a besoin. C’est le parti pris de la narration de Boîte noire et c’est rythmé.
Un dénouement surprenant
Méthodique et enquêteur, il demande le manifeste de bord original et papier de l’aéroport de départ. C’est alors que le dénouement s’accélère. Notre héros découvre que parmi les passagers se trouve un hacker dont le nom a été supprimé des listes. Il comprend alors que ce passager a pris contrôle de l’appareil via le réseau internet interne. La console passagers de divertissement si vous préférez. Voulant démontrer que la sécurité est compromise, le hacker va lui-même perdre les commandes de l’avion et le rendre à son sinistre destin.
300 morts sans avoir voulu les tuer. Un pavé dans la marre des industriels qui voudraient faire voler des avions sans pilote. Pas uniquement par économie mais aussi parce qu’il n’y a pas assez de pilotes. Un très bon film.