La jeune génération n’a pas revu les codes vestimentaires. Elle a déconstruit ce qui existait pour le remplacer par on ne sait quoi sinon un emblème du confort mais aussi de la paresse. Le jogging. J’ai beau dire que l’habit fait le moine souvent, impossible de convaincre. Sauf que j’ai découvert une étude américaine…
Notre génération ou celle de nos parents avait imposé le jeans qui a gagné à l’unanimité ou presque sur le pantalon de flanelle qui me gratte encore les jambes et sur le pantalon en velours côtelé que maman m’avait demandé de porter surtout s’il était de couleur bronze. Il ne survit à cela que quelques chinos.
Avant il y avait le bureau
Quand on allait au bureau, on avait des costards en laine froide super 100, des chemises et des cravates. On se sentait bien dans cet uniforme, sauf peut-être le matin, se lancer, se préparer demandait une certaine volonté. J’en passais du temps à visiter des magasins, choisir des chaussures de la couleur accordées. Choisir les chaussettes qui vont avec, elles aussi accordées avec la couleur de la ceinture, sauf si elles étaient rouges. Le rouge avait tous les droits et l’a toujours en matière de chaussettes. Un truc de dingue, un truc de dandy.
Tout ceci date d’il y a quinze ans, facile. Depuis les millenials sont arrivés puis la genZ. Ils ont dû en avoir marre de se préparer ou considérer cela comme une dépense inutile et un inconfort certain. Ce n’est pas faux. Le télétravail, le casual Friday qui est devenu le casual every day, les start-up, l’abolition de la cravate trop phallique, j’en passe, on finit par enterrer les codes vestimentaires d’avant.
C’est dans l’air du temps, c’était le sens de l’histoire. Un savant ou un ignorant, un spécialiste ou un béotien, ont le même habit. C’est dévaloriser le savant, ses règles, ses rites, ses codes et autres appartenances. Sans même évoquer qu’un habit peut être opérationnellement utile. L’habit fait le moine c’est ma conviction personnelle, en grande partie bien sûr.
L’adage est-il vérifié ?
J’ai toujours pensé que l’habit fait le moine dans la plupart des cas. Bien entendu, il est bon ton de dire le contraire, à commencer par les ados qui n’ont pas envie de mettre un autre habit que celui qu’ils affectionnent. Généralement le plus confortable en n’oubliant pas la marque qu’il arbore. Avant les revues de Dandies parlaient de tenues sport pour parler de vestes plus légères et de tenue moins structurées, difficile de pratiquer du sport avec. Désormais, la tenue sport est à prendre au premier degré.
Il est admis que ce que l’on montre, c’est ce que l’on est. Ce que l’on est, est plus important que ce qu’on montre, erreur. Une étude américaine, avec un protocole sérieux, a analysé les réactions d’étudiants portant une blouse. Une blouse médicale pour les uns, une blouse de peintre pour les autres, histoire de comparer deux situations pas si différentes. On n’a pas pris un banquier et une danseuse de ballet.
L’expérience est la suivante, des étudiants certains médecins et d’autres qui ne le sont pas, revêtent des blouses de peintre et de médecins, aléatoirement. Si vous me suivez, on a donc quatre populations. Les médecins en blouse de médecins, les médecins en blouse de peintre, les non-médecins en blouse de médecins et les non-médecins en blouse de peintre. Ils passent ensuite des tests qui leur demandent de l’attention.
Les conclusions de l’étude américaine
Conclusion sans appel. L’habit fait le moine. L’expérience a été réitérée plusieurs fois afin de confirmer les résultats. Les faux médecins, ceux qui ne sont pas médecins, mais portent la blouse de médecins ont de meilleurs résultats que les médecins en blouse de peintre. Ils sont plus attentifs et plus réfléchis.
Si vous cherchez des informations, cette expérience a été à l’initiative d’Adam Galinsky de l’Université Northwestern (Illinois USA). L’idée générale est le Enclothed cognition, les américains aiment créer du lexique. Bien entendu, cela n’est peut-être pas réplicable à tous les costumes quoique d’autres expériences pourraient avoir lieu pour le montrer.
Ma conviction profonde est qu’on n’est pas le même en fonction de ce qu’on porte. On doit apprendre cela à l’école de police la première semaine. Cela va bien au-delà de l’uniforme normé. On a confiance en soi avec des vêtements qui correspondent à notre métier. C’est un conditionnement qui impacte sur notre psychique. Certainement qu’on perçoit le regard de l’autre et la valeur ou la signification qu’il accorde à notre présentation. Il y a certainement une forme de théâtralité à cela mais on sent bien que ce n’est pas tout.
Allez faire comprendre cela à un gamin de 18 ans pour qu’il quitte ses Nike pour son premier job pour les Weston de son père. Weston qu’il ne porte plus du reste, il porte des sneakers Asphalte.
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