Kessel la naissance du Lion

Deux auteurs de bandes dessinées retracent la vie de Joseph Kessel, une partie de sa vie. Une manière de décrire ou d’expliquer le contexte de la rédaction de ces œuvres. Une vie d’aventurier d’où le titre Kessel, la naissance du Lion, biographie ou genèse de l’auteur du livre « le Lion ». Ironie de l’histoire, il n’est pas question du Lion mais d’autres œuvres comme Fortune carrée.

L’Hemingway français

Kessel c’est notre Hemingway à nous. Tous les deux aimaient autant l’alcool que les aventures même si l’un a plutôt fini dans un bar des Caraïbes alors que l’autre a intégré l’Académie française. Il est français mais pas que, ce qui donne de la profondeur à son existence. Juif d’origine russe, il a vécu à plusieurs endroits, Argentine, France. Les Tsars et les Soviétiques aimaient bien taper sur les juifs, histoire d’oublier leur impotence à apporter la paix et la prospérité à leur peuple. On comprend que ces parents ont rapidement plié les gaules histoire d’aller exprimer leur talent ailleurs.

Le début du XXe siècle permet qu’on puisse être aviateur et journaliste, aventurier et académicien. Il aurait un profil LinkedIn pour faire exploser les compteurs. Kessel n’a pas de frontière, il évolue dans le monde entier. Toujours prêt à découvrir et rapporter des récits. Kessel la naissance du Lion en contient plusieurs et s’articule autour de chapitres qui sont chacun un voyage différent.

Kessel la naissance du Lion juste après la 1er guerre mondiale

Après la première guerre mondiale, alors aviateur, il est envoyé en mission à Vladivostok en passant par les Etats-Unis. On fait les choses en bateau à l’époque. Je ne soupçonnais pas l’engouement des Américains à recevoir les aviateurs, combattants des nuages comme on disait certainement à l’époque. La partie la plus joyeuse de la BD du reste, car des trucs moins joyeux il y a. On n’est pas reporter de guerre pour ne voir que des choses joyeuses. Que les plus pervers d’entre nous se réjouissent, il y a du crade.

L’arrivée à Vladivostok, le tropisme naturel de Kessel pour sa Russie, un atavisme familial. Vladivostok une ville en proie au chaos, tenus par plusieurs nations, par des groupes mafieux et/ou militaires. Le trou noir de l’humanité à l’époque, la confluence du pire de plusieurs civilisations. Violences et mépris humain au quotidien de quoi alimenter notre reporter de guerre.

Aviateur, on lui propose par la suite de participer à la grande épopée de l’aéropostale avec Saint-Exupéry et Mermoz. Épopée fascinante, surtout pour l’époque, et épopée meurtrière d’un monde moderne qui s’explore et qui naît.

Un récit de plusieurs voyages

Chaque chapitre de Kessel la naissance du Lion est une tranche de vie, ne suivant pas un ordre chronologique ni un réel scénario sinon celui de décrire des aventures, parfois sordides, parfois inhumaines. On prend les gens pour des choses qu’on esclavagise, c’est le chapitre sur l’Ethiopie. L’esclavage est un commerce mafieux. Son voyage en Ethiopie, seul pays à avoir résister à l’appétit colonial, à l’époque du récit, lui donnera l’opportunité de produire son œuvre Fortune Carrée.

Le désordre de la fin de la guerre et les révolutions ici et là donnent l’opportunité au cynisme de s’exprimer avec largesses. Kessel est un personnage de ce début du XXe que seule cette période récente a permis de créer.

Kessel la naissance du Lion est un reportage qui ne pioche que quelques aventures de Kessel. L’énigmatique à suivre à la fin de l’ouvrage annonce peut-être les aventures en Irlande, en Espagne ou en Syrie de l’auteur. Il doit y avoir de quoi faire 10 tomes d’aventures tous dans la même exaltation. Tous retraçant les aventures vécues à 100% comme s’il allait mourir le lendemain.

Une autre bande dessinée si vous aimez les reporters de guerre : Journal d’une invasion