Arte a produit un film en six ou huit épisodes, autant dire une série sur l’enlèvement et le triste assassinat d’Aldo Moro en 1978. Un homme bon, cultivé, droit et apte au compromis. Assassiné dans les années de plomb, les années 70 italiennes, où des gauchistes avaient décidé d’en finir avec la société. Esterno notte parle de la captivité et des tractations pour obtenir la libération d’Aldo Moro.
Une histoire vraie
Ces groupuscules assassinaient des politiques, des chefs d’entreprise ou toute personne symbolisant l’establishment. Ils tiraient dans les jambes pour rendre invalide. Le terme gambettinne a été créé à cette période. Les Brigades rouges italiennes ou la Bande à Bader en Allemagne ont fait plus de victimes qu’apporter des solutions à la société. Beaucoup des membres de ces groupes, instruits et érudits, auraient mieux contribué à la société que par la violence. Beaucoup ont fini morts ou en prison voire bien rangés. Un destin d’épave pour certain qu’on vient de temps à autre interviewer pour un reportage.
Je trouve qu’il manque l’angoisse, ce qu’on a appelé le plomb de ces années dans la série. On a l’ambiance et les décors de Rome de l’époque. Les tractations avec le Pape comme entremetteur. A la fois ami d’Aldo Moro mais aussi malade et à la fin de sa vie. Le pape meurt la même année et 1978 aura connu trois papes.
Mort par médiocrité politique
La série Esterno notte montre et même s’attarde sur les conciliabules et autres négociations médiocres de la politique. J’imagine qu’elles ont eu lieu ainsi même si ma connaissance de ce tragique épisode se limite à “qui où quoi comment pourquoi”. Je ne peux que décrire et retranscrire le parti pris du réalisateur et du scénariste. A aucun moment, on ne donne le pouvoir à un enquêteur pour faire une enquête de terrain et trouver la cache ou les auteurs.
Ces magouilles politiques mettent mal à l’aise et ne peuvent que déboucher sur l’impuissance criante des politiques. Le Pape passe pour celui qui agit concrètement, un comble vu son âge, sa maladie et l’extrême inertie légendaire du Saint-Siège.
C’est la défaite de la démocratie chrétienne alors au pouvoir son impotence et sa lâcheté. Le réalisateur, pour être sûr que nous ayons compris le message, fait survivre un instant Aldo Moro pour qu’il dise à quel point il méprise la classe politique qui l’entoure. Revivre un instant pour être certain de choisir de quitter la scène.
Une histoire triste
Attristez-vous, Aldo Moro sera bien assassiné par les plus jusqu’au boutistes des brigades rouges et laissé comme un colis dans le coffre d’une voiture. C’est une triste histoire.
Je ne sais qu’elles sont les permissions prises par le réalisateur d’Esterno notte sur l’histoire. Est-ce que le désaccord entre les preneurs d’otages était réel ? J’imagine que oui. Les gauchistes de l’époque, trotskistes ou autres maoïstes avaient un certain goût pour l’argutie. Comme tous extrémistes, il y en a toujours un pour dire qu’il est plus pur que l’autre, comprenez plus extrême.
Visiblement cette série a dû plaire car elle a été aussi diffusée sur Netflix.
Si vous aimez les films politiques, sur la bassesse politique, je vous conseille l’Etau de Munich. Si vous voulez une série plus actuelle à la Maison Blanche, Designated Survivor.
Avant cela, la bande annonce, en italien, un plaisir.
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