On n’a pas le même destin. Vous n’aviez pas besoin de moi pour le savoir. Je vais continuer à enfoncer des portes ouvertes. Certains ont un destin qui s’acharne alors qu’ils ont un courage et des valeurs remarquables. C’est l’histoire de cet officier polonais Pilecki qui a donné lieu au Rapport Pilecki.
Longtemps gardée secrète …
Arte avait fait un excellent reportage sur le Rapport Pilecki dans une suite de documentaires sur Auschwitz. Agent polonais, il s’était fait emprisonner dans le camp volontairement. Sur les millions de personnes qui y sont passées et qui sont mortes là, il doit être le seul à y être entré volontairement. Cela permet de rester coller à l’écran pour savoir pourquoi.
L’objectif pour lui était d’envoyer des informations à l’Ouest. Ouvrir les yeux d’alliés à cette époque de la seconde guerre mondiale, ignorants sur le sujet. Pilecki avait même pour mission de créer un réseau de soutien dans le camp pour fomenter une rébellion interne. Téméraire, audacieux. Cela n’a pas abouti, comme vous le savez, mais cela a permis d’avertir les alliés, grâce au Rapport Pilecki, sur la réalité de la barbarie nazie dans ces camps. En outre, il a été l’un des rares à s’en échapper et à y parvenir.
… une histoire héroïque et unique
Netflix a fait un film de cette histoire folle en ajoutant la suite de sa vie, après la guerre. Patriote, il rentre en Pologne dans une ambiance de chaos propre à la fin de la guerre. Beaucoup de ses compatriotes choisiront de vivre en Angleterre dès 1948.
Au lieu de vivre une vie paisible de héros de guerre, de décoration et autres honneurs de la Patrie, il va être soupçonné par son propre pays tombé dans l’escarcelle soviétique. A l’époque le terme soupçon était un synonyme de culpabilité. Le NKVD, police politique soviétique, agissant sur le territoire polonais n’avait par pour habitude de se perdre dans ce type de nuances. Un soldat polonais qui avait envoyé des informations aux alliés était, à leurs yeux, un agent occidental infiltré. Ses origines aristocrates n’ont pas dû l’aider.
Il passera donc de la barbarie nazie et de la violence de la guerre à l’horreur kafkaïenne de la dictature communiste. Il va se faire torturer et sera exécuté à la suite d’un procès inique, sovieto-polonais.
On n’a pas le même destin, lui en plus avait du courage, des convictions. Il était un patriote, amoureux de son pays. Le rapport Pilecki est resté secret jusqu’en 1989. Et Arte et Netflix restaurent l’honneur de cet homme, Witold Pilecki.
Si vous aimez des histoires méconnues se passant durant la seconde guerre mondiale, je vous suggère deux bandes dessinées sur les Cosaques d’Hitler opposés Staline.