Il ne suffit parfois de rien pour passer d’un monde à un autre sans préavis. Du soleil à la pluie, du jour à la nuit, de la joie au doute. C’est ce qui m’est arrivé aujourd’hui. Je suis passé de la liberté à la promiscuité dans un avion. Pris au piège. Un continuum inaltérable. L’espace et la destination sont certains. Seule la pendule conserve une liberté, dans un avion. Tout le reste est contraint.
Arrivée sans préavis…
Cette contrainte se renforce par l’absence de propreté de mes voisins. La promiscuité grandit. La largeur de leurs corps à touche-touche avec mes coudes. La légèreté d’une hôtesse de l’air qui m’a placé au centre. La voisine de devant qui, il y a deux ans moins un mois, a décidé d’accoucher, elle le précise. Elle a décidé de ne pas élever sa fille, de ne même pas la comprendre.
Elle a pourtant décidé de l’appeler Naïl. Pas sûr que dans ce monde d’anglicismes, les trémas soient longtemps conservés et qu’elle ne finisse par s’appeler ongle. En tout cas, ses cris ont griffé mes oreilles.
Cette promiscuité est venue comme un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Je ne l’avais pas envisagée il y a une heure de cela. Elle s’impose à moi comme une panne de voiture. Même pas. La panne on peut la fuir, partir à travers champs et laisser la voiture en bord de route pour le lendemain.
J’ai besoin des champs et de la rosée du matin. Bien entendu ceux qui sentent sont autant ceux qui ne se lavent pas que ceux qui se bougent et ceux dont les enfants crient participent à la démographie. Je préfère raconter cette histoire plutôt que de le leur reprocher. C’est ma conception du vivre ensemble.
« PNC nous débutons notre décente », c’est la fin qui approche. Et oui, seule la pendule possède encore une certaine incertitude mais tout a une fin. La promiscuité s’en va cette fois, avec un préavis. Je prends. Je prends qu’en même, même si j’aurais aimé qu’elle claque la porte avec un grand mouvement d’air.