Une ambiance année 80 parfaite, l’année 80 pour être encore plus exacte et Armageddon time question ambiance fait un sans-faute. Il y a des stocks de vêtements, de bagnoles, de téléphones et autres électroménagers de dingue. Chaque film sur la période est une expo vivante. Armageddon time comme Dark waters.
Déterminisme racial ou familial
Le sujet est le déterminisme racial ou social, voire les deux. On est dans un New-York des communautés qui se juxtaposent et cohabitent. Les noirs d’un côté, les juifs d’un autre et la haute société très Nouvelle Angleterre de l’autre.
Deux enfants sont au centre du film, un petit rouquin, créatif et un peu collé au plafond. L’autre, un noir, un visage de poupon sans grande famille pour le cadrer et prêt à toutes les nouvelles expériences. Le roux interprété par Banks Repeta est juif et cela a une importance pour expliquer son contexte, sa famille et son folklore. Des ashkénazes dont les grands parents ont fui les pogroms d’Ukraine et sont passés par Ellis Island. Grand centre de tri des immigrés aux Etats-Unis. Un marqueur identitaire pour beaucoup d’immigrés américains.
Les deux jeunes se croisent dans un lycée public. A l’époque peut-être encore un outil du melting-pot. Ils ne vont coller à rien dans le système et se retrouvent exclus. Ils sont les artisans de leur exclusion mais alors que l’un va pouvoir intégrer un prestigieux établissement, l’autre va sombrer peu à peu.
Amis jusqu’à être séparés par leur environnement
Leur amitié persiste mais la vie les sépare, leur entourage les sépare. Le réalisateur est attaché à ce déterminisme social que je crois d’avantage familial. C’est d’ailleurs le choix du titre Armageddon time, personnellement disproportionné. D’un côté, l’un des enfants qui n’a pour seule famille que sa grand-mère alitée va finir au poste et endosser l’intégralité d’une affaire de vol fomentée par l’autre. L’autre se retrouve dans un lycée de super riches, financé par Fred Trump (le père de celui que vous connaissez). Ils ont même trouvé un sosie, le scénario va fort sur ce point au cas où on n’a pas compris.
La critique sociale est cousue de fil blanc. On a le discours de la grande école où l’évocation de Reagan, alors candidat à la présidentielle, est acclamée et dans le même temps la famille juive qui l’insulte quand celui-ci est élu et qu’ils sont tous devant le téléviseur réunis. Cela n’enlève pas un petit intérêt au film, notamment la très belle relation entre le grand-père et l’enfant. Anthony Hopkins, qui interprète le grand-père au soir de sa vie, produit de très bonnes scènes. Certainement les meilleures. Un dialogue travaillé, sensible, réfléchi et expérimenté. Un grand-père qui a lui seul est la mémoire de la souffrance de sa famille qui disparaît avec lui et qui laisse une famille juive parfaitement intégrée et amnésique à son passé.
C’est peut-être cela que l’auteur et réalisateur a voulu mettre derrière le terme d’Armageddon time, la fin d’une époque.
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