C’est bon un match de rugby. Des foules de supporters qui rejoignent un stade sans se foutre sur la gueule. Je ne dis pas cela par rapport au foot, juste de manière contemplative. Des personnes bien sous tous rapports, portant imper (qui met encore un imper en 2023) et Paraboots (je force le trait) arrivant calmes, voire discrets dans des gradins vides qui se remplissent pour devenir un stade qui va se chauffer à blanc. Je suis arrivé en avance, garé comme un braco sur un trottoir sous l’autoroute. Il y a des cordons de sécurité partout, tout est balisé. À ce stade, sans jeu de mot, on n’est pas loin du pénible.
L’annonce des joueurs envoie les watts ; on est loin du rugby cassoulet à la sortie d’un village du Tarn-et-Garonne. Les joueurs sont des stars, les terrains des stades, que dis-je des arènes. Mon voisin en imper, ce n’est pas exactement lui, mais presque, se met à hurler, l’intrus, c’est moi. Je ne connais pas les rites, une amie m’a invité la veille. Je ne cherche pas une excuse, juste quatre secondes pour plonger dans le bain. Je braille. Le soleil apparaît, on est le 18 mars, c’est le printemps. C’est bon un match de rugby – plutôt assis que sur le terrain, vu ce que le numéro 8 Gallois a pris et donné – les équipes sont bleues, rouges et blanches. Je devine le drapeau, je les vois, la holà et la Marseillaise en même temps. À quand une chorégraphie avec l’hymne ?
La dernière fois que j’ai assisté à un match, cela devait être France Fidji et je me suis presque endormi.
Les sifflets de l’arbitre sont parfois difficiles à comprendre, sauf pour mon voisin, mes voisins, même les femmes ont tout compris. Quand c’est litigieux, c’est certainement un « en avant ». L’arbitre vidéo, une femme, apparaît à l’écran géant et donne les explications, le tout en 3D. Quelles que soient ces conclusions, les sifflets s’estompent, le jeu reprend. Cela doit être le côté intello du rugby.
On est tous serrés les uns aux autres. On a tous grossi depuis 1998, date de création du stade ? Impossible d’atteindre la buvette pour une deuxième bière. On fait la queue aux toilettes – même celles des hommes – je devais le placer, c’est la première fois que je vois cela. C’est bien la seule chose de négative. On s’en fout.
La France triomphe, les Gallois aussi. Un festival d’essais. La joie s’empare de tous, c’est bon un match de rugby, encore plus si c’est un bon match.